Les sources d’inspiration de Karma Koma...

Laurence APPIETTO RAFFAELLI

D’ORIGINE CORSE, LAURENCE APPIETTO RAFFAELLI S’EST INITIEE AU STYLE ET A L’ELEGANCE AUPRES DES FEMMES DE SA FAMILLE. AUTODIDACTE, LA MODE S’IMPOSE A ELLE COMME UNE EVIDENCE LORSQU’ELLE SUIT SON MARI FRANÇOIS A BALI. SUBMERGEE PAR UNE CREATIVITE DEBORDANTE, UN PIED EN CORSE, L’AUTRE EN INDONESIE, ELLE CREE SA MARQUE KARMA KOMA, CLIN D’ŒIL AU MORCEAU CULTE DE MASSIVE ATTACK EN 2004. RENCONTRE AVEC UNE CREATRICE PASSIONNEE DE MUSIQUE, UNE CONTEUSE D’HISTOIRE VISUELLE, ET UNE CHEFFE DE FILE FOURMILLANTE ET PROFONDEMENT HUMAINE…

BIO EXPRESS / LAURENCE APPIETTO RAFFAELLI EST NEE A BASTIA LE 7 JUIN 1978. ELLE A GRANDI A MIOMU, PRES DE BASTIA ENTOUREE DE SA FAMILLE ET DE SES AMIS. APRES LE LYCEE, ELLE POURSUIT SON CURSUS EN COMPTABILITE A AIX EN PROVENCE. C’EST EN 2001, A LA DECOUVERTE DE L’ILE DES DIEUX (BALI), QU’ELLE DEBUTERA SON LONG PARCOURS EN TANT QUE STYLISTE AUTODIDACTE PUIS DE CHEF D’ENTREPRISE. LES CODES DE KARMA KOMA SE NOURRISSENT DE SON QUOTIDIEN ET DE SON RYTHME DE VIE, TELLE UNE MELODIE COMPLEXE ET ECLECTIQUE, INSAISISSABLE ET POURTANT ENTRAINANTE.
 

Comment l’aventure Karma Koma a-t-elle débuté ?

La mode est arrivée sur mon chemin de vie grâce à François [son mari, ndlr] qui était à l’époque saisonnier dans les sports nautiques. Dès mon arrivée à Bali, j’ai été prise d’une inspiration débordante. Bali possède une atmosphère, une ouverture au monde et une philosophie de vie propice au partage. J’ai très vite trouvé un atelier de confection pour fabriquer ma première collection qui comprenait seulement trois robes et un pantalon. Dès mes premiers pas en tant que créatrice, j’ai voulu sublimer certaines parties du corps, les robes longues à dos nus ont très vite fait partie de mon identité. À l’époque, je vendais mes créations dans ma petite boutique Mata Hari (qui signifie «œil du jour » en malais) à Porto-Vecchio, mais très vite l’idée de Karma Koma a germé. Aujourd’hui, je travaille avec différents ateliers suivant les catégories de produits. J’ai le même tailleur à Java depuis mes débuts. Et ce qui est le plus réjouissant, c’est qu’il a grandi au même rythme que nous. Pour moi, business a toujours rimé avec belles rencontres, c’est dans notre ADN. Aujourd’hui, Karma Koma possède 16 boutiques en nom propre et franchisées ainsi qu’un magasin et un showroom à Umalas, à Bali. Quant à notre siège social, il est situé dans mon jardin, au milieu de la garrigue, à Sotta en Corse. 

Le nom Karma Koma provient de Karmacoma de Massive Attack, comment la musique influence-t-elle vos collections ?

La musique m’a beaucoup apporté car elle est à la fois une source d’inspiration inépuisable, une compagnie du quotidien et un curseur à travers les époques. La musique a l’incroyable pouvoir de me faire voyager dans le temps. C’est aussi une passion que je partage avec mon frère – qui est acteur. En bons artistes que nous sommes, nous adorons parler de nos découvertes, s’échanger nos playlists et les transmettre à notre entourage. Quand vous travaillez dans le visuel comme moi, c’est très jouissif de pouvoir mettre un son sur une image lors des shootings pour transmettre sa vision créative. La musique de Tarantino, par exemple, est merveilleusement inspirante. Paradoxalement, j’ai appris à apprivoiser le silence à Bali grâce à la méditation. Chaque année, je participe à une retraite d’une semaine dans un silence total pour me ressourcer, me délester de mes doutes et travailler sur mes objectifs de vie.

Quand vous pensez à l’ADN de votre marque, que visualisez-vous ?

Quand je ferme les yeux et que je pense à Karma Koma, je vois une femme sous tous ses angles et à travers le temps, une originalité stylistique et sensuelle comme un dos nu, des pièces solaires intemporelles, des coupes élégantes et épurées, des couleurs unies, des mises en images léchées, comme au cinéma, et des histoires racontées.

Si vous deviez proclamer quatre mots hauts et forts pour parler avec cœur de votre label…

Je vais avoir du mal à me limiter [rires, ndlr] à quatre termes… Je dirais : humanité, inclusion, sincérité, unicité, faire ensemble, féminité et passion.

Comment arrivez-vous à apprendre de vos erreurs ?

C’est étonnant, mais les 20 ans de Karma Koma ont été pour moi un électrochoc. Un chapitre s’est clos et un autre s’en est ouvert. N’étant pas styliste de formation, j’ai longtemps lutté contre le syndrome de l’imposteur. J’ai travaillé comme une acharnée pour me prouver que j’étais à ma place. Aujourd’hui, je connais ma marque dans les moindres détails car j’ai mis ma patte partout. J’ai aussi gagné en maturité car j’arrive enfin à me mettre en position méta pour apprécier tout le chemin parcouru. La philosophie de vie balinaise m’a fait du bien : elle m’a appris à accepter les embûches de la vie et à les appréhender avec respect. C’est d’ailleurs face aux obstacles que je deviens la meilleure car je suis constamment en recherche de solutions. C’est devenu une seconde nature.

Quel est votre processus de création quand vous commencez à travailler sur une collection ?

Je débute toujours le travail de création par un voyage avec ma styliste. On met le cap sur une destination loin de notre univers pour s’abreuver d’images, de couleurs, de coupes, de formes, de griffes créateurs, de boutiques de mode et de déco, de concept stores et de pop-up. L’idée, c’est de s’aérer la tête et d’en prendre plein les yeux. C’est dans cet état d’extrême curiosité et de vigilance que l’on a visité la Suède, la Belgique et le Japon. C’est seulement après cette étape que nous travaillons sur des thèmes phare, des moodboards puis des coloramas. Chaque thème possède ses propres codes, ses déclinaisons stylistiques et donne lieu à un vestiaire plus ou moins large.

À qui vous référez-vous ?

C’est la mémoire de la mode qui m’intéresse. Je suis adepte des anciennes collections d’Yves Saint Laurent, de Stella McCartney ou de Balmain. Mais j’aime avant tout me référer au cinéma. Les images en noir et blanc un peu fanées me fascinent particulièrement. J’aime le passé surtout lorsqu’il est sous forme d’arrêts sur image.

Quelle est votre zone de génie ? Quand atteignez-vous votre phase de flow, cette phase de concentration où tout est fluide ?

J’ai un talent certain pour organiser des fêtes, créer des moments de partage. À contrario, je trouve la solitude et les rituels de bonne compagnie dans les phases créatives. Pour être dans une phase de flow, j’ai également besoin d’être dans un lieu auquel je me sens aimantée. C’est aussi pour cela que j’ai décidé d’implanter le siège de Karma Koma dans mon jardin à Sotto au cœur de la garrigue.

Vous avez imaginé votre collection hiver comme une aventure cinématographique. Comment avez-vous réussi à la mettre en images ?

Tout est une question de narration. Pour l’automne-hiver 2024, on a planché sur un univers rétro futuriste seventies en Californie. On s’est inspiré des scènes mythiques de deux chefs-d’œuvre : Pulp Fiction de Quentin Tarantino et de 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. J’ai adopté le point de vue du réalisateur avec un angle de vue spécifique. J’ai travaillé sur la couleur, l’atmosphère, le mood, la musique, puis j’ai recherché les bons partenaires visuels. J’ai trouvé le photographe et la boîte de prod qui avait un univers graphique proche de celui que je m’étais imaginé. La communication a été fluide et cela s’est ressenti tout au long de notre collaboration.

Quelles sont vos pièces préférées de la collection automne-hiver ?

L’ensemble Eminem, le pantalon en soie John, la veste Morrison en mouton et le pull Doudou en référence à l’un de mes amis.

Quels sont les thèmes phares que vous abordez pour l’été 2025 ?

Le safari dans un esprit Out of Africa. On a misé sur des tons neutres comme le kaki, le terre et le beige que l’on a associés à des pastel. Nous sommes dans l’évocation des grands espaces…

Qui sont vos muses, vos mentors, votre club de soutien ?

Ma mère qui a toujours affectionné les bodys avec des dos nus qu’elle associait à des pantalons larges, mes tatas et particulièrement ma tante Danny qui est une conteuse d’histoire hors pair, mon mari qui m’a fait découvrir Bali, ma fille qui a un rapport à la mode très décomplexé et ma formidable équipe Karma Koma composée de 20 femmes et de 3 hommes.

Qu’est-ce qui vous paraît porteur d’espoir professionnellement ?

Mon équipe, mes fournisseurs, mes clientes. L’idée d’avoir créé une communauté forte et soudée avec un concept d’accueil et de fidélisation unique me remplit de bonheur. La proximité entre les individus, l’authenticité dans les relations et l’humanité dans le travail sont pour moi indissociables de Karma Koma.

Quels sentiments avez-vous envie de générer chez vos clientes ?

De la joie, de la fierté d’être une femme, de la liberté de penser et de la bienveillance. Quand mes clientes sont accompagnées de leur amoureux, j’adore percevoir le regard pétillant et énamouré de l’être aimé.

De quoi êtes-vous la plus fière professionnellement ?

D’arriver à cumuler les casquettes création et business avec harmonie et de garder la foi. Je suis une cheffe de file. J’ai vraiment 12 vies en une année.

Les sources d'inspiration de Laurence...

Campagne AW24/25

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