Sylvie Pourrat,
Directrice de l'offre Business du Who's Next

SYLVIE POURRAT A INTEGRE LE WHO’S NEXT IL Y A 25 ANS EN TANT QUE SPECIALISTE DES ACCESSOIRES DE MODE. LONGTEMPS DIRECTRICE DU SALON PREMIERE CLASSE, ELLE A PRIS LA DIRECTION DE L’OFFRE BUSINESS EN 2018. SON METIER ? TRAVAILLER SUR LA SEGMENTATION STRATEGIQUE DES SALONS WHO’S NEXT, BIJORHCA ET PREMIERE CLASSE, VEILLER A LA COHERENCE DES DIFFERENTS UNIVERS ET ASSURER LEUR PERENNITE. ELLE DECRYPTE POUR NOUS LES NOUVELLES TENDANCES ET LES EVOLUTIONS DU MARCHE.

Comment l’offre du Who’s Next a-t-elle évolué ces dernières années ?

Notre réflexion découle toujours du terrain, nos univers évoluent constamment pour s’adapter aux évolutions du marché. Le Who’s next est avant tout un miroir de ce qui se passe dans la mode. Plus locomotives que wagons, nous recherchons la dynamique à chaque session. On aime aussi agréger au business des événements divers pour créer de l’ouverture et souder notre communauté. 

Quels sont les grands scénarios de septembre ?

Depuis cinq ans, IMPACT fédère et valorise des marques et solutions éco-responsables se positionne comme une plateforme d’information. IMPACT est un endroit où l’on cause pour partager ses best practices et se tenir informés des dernières régulations du marché. Cette saison, les marques éco-responsables d’Impact sont « stickées » et réparties par style dans les différents secteurs du salon pour créer un parcours de marque toujours plus dynamique. Le Hall 7.2 abrite les accessoires et le département sourcing avec des espaces réservés à Bijorhca/Element (le sourcing bijou) Interfilière (le sourcing de la lingerie) et  From dédié aux fabricants et artisans Indiens. Au 7.3, la révolution provient de Curve, puisqu’avec la contrainte des JO, nous avons préféré fait migrer l’offre balnéaire & resort sur Who’s next. Fame, notre espace dédié aux marques fresh & créateur et qui sont souvent révélatrices d’une certaine French Touch, revient au même endroit avec une offre toujours plus créative qui mêle marques établies et nouveaux rookies. Quant à notre univers Private, il jouxte toujours le Fame avec des marques classiques, traditionnelles et transgénérationnelles. Pour finir, notre espace what’s up dédié à la mode jeune héberge des labels urbains et particulièrement pluriculturels cette saison, des griffes de denim, des pop-ups et du streetwear. 

La France est-t-elle encore un pays mode ?

La France est un pays assez lambda en termes de consommation mode. En revanche , Paris est toujours la capitale de la mode. Il y a toujours l’idée que Paris dit et Paris montre…C’est inoui de constater comment post Covid, Paris a retrouvé son aura de Place to Be. On le ressent vraiment à l’international. La France remporte surtout tous les suffrages en termes de luxe. Dans les études internationales, 7 marques de luxe citées sur 10 sont françaises. Sur les segments moyen/haut de gamme & créateur, l’Espagne et l’Italie par exemple sont tout autant créatifs et dynamiques que la France surtout qu’ils sont soutenus par un grand nombre de magasins multimarques.

Quelles sont d’après vous les origines des tendances ?

Je trouve que les tendances sont moins prégnantes qu’il y a 20 ans et surtout moins identifiables car les nouvelles générations sont plus en recherche de singularité. Il y a une profusion de tendances comme de communautés. La tendance comme un courant majeur à suivre absolument est passé de mode. On est moins qu’avant dans le diktat de la couleur, des formes, des références à une époque dans le sens stricte du terme. C’est aussi parce qu’à cause de la fast fashion, les tendances sont devenues beaucoup plus furtives. Chaque créateur créé son manifeste pour partager sa vision du monde avec sa cible. Par ailleurs, il y a une prépondérance des influenceurs sur les réseaux sociaux. Les jeunes veulent ressembler à leurs icônes. La seule chose qui est restée immuable, c’est que les tendances proviennent toujours de jeunesse. En quête de singularité et accros aux réseaux sociaux, la nouvelle génération multiplie les communautés. C’est d’ailleurs ces dernières qui sont devenues le vivier de tendances.

Quelles sont, d’après vous, les tendances phare de l’été 2025 ?

Il y a toujours une apologie du crochet et l’esprit artisanal perdure avec une kyrielle de robes, de tops et de maillots de bain. On est carrément dans le sexy-trendy. En opposition, le minimalisme sportswear est prégnant avec des collections unisexes et souvent loose dans les tons noirs, beige, gris et kaki clair. L’upcycling soutenu par la mode vintage ne se dément pas, comme le denim toujours plus créatif. Enfin, l’esprit collège s’amplifie avec un attrait visible pour le short et le bermuda. On est assurément dans l’ère de la « sagitude ».

Y a-t-il une porosité des tendances ?

La porosité des tendances provient de la lifestylisation du marché. Aujourd’hui, l’univers de marque n’a jamais été aussi élargi. À l’image de Sarah Lavoine qui a démarré dans l’univers du design et de la maison, et qui a su décliner son univers aux accessoires, puis au textile. On trouve légitime, par exemple, qu’une marque de mode propose du parfum et des cosmétiques. Le décloisonnement est partout…

Y a-t-il des spécificités selon les pays ?

En général, les marques internationales ont des collections fleuve dans lesquelles les commerciaux font leur sélection. Mais chaque marché a ses spécificités. Au Japon, la mode jeune est dominée par le masculin/féminin. Les hommes de moins de 25 ans se maquillent et se féminisent de plus en plus. En Afrique, le marché de la mode est en train de s’organiser aussi bien en matière de créativité que de sourcing. On voit émerger de nombreux collectifs dynamiques originaires du Nigeria, du Togo, d'Éthiopie. Mais, il y en a aussi au Pérou, en Colombie et en Indonésie. Les nouvelles scènes émergentes sont vraiment porteuses d'espoir.

Comment le sourcing des marques a-t-il évolué sur le marché du moyen-haut de gamme ?

Le marché du sourcing européen se porte bien même si sur certains secteurs comme celui de la chaussure, le Portugal et l’Espagne sont complètement saturés.  Pour produire en France et en Europe, il faut changer de paradigme et reconsidérer les chaines de production : produire moins mais mieux en évitant le gaspillage. On peut trouver des fabricants qui ont développé leur RSE en dehors de l’Europe. Si on cherche les bons partenaires, on trouve. Surtout que chaque bassin de production possède son savoir-faire spécifique : la broderie artisanale en Inde, le denim pour la Tunisie, la chaine et Trame & le cuir pour le Maroc…

En quoi les comportements des consommateurs ont-ils changé ?

La nouvelle génération va souvent en boutique pour ensuite acheter online. Par ailleurs, c’est un consumerçant : il achète et vend sur Vinted. Il veut bien consommer « sustainable » mais il y a souvent un « Oui, mais... ». Et il est adepte du DIY. Certains crééent carrément leur label pour satisfaire leurs envies mode. Des plateformes d’incubation comme Ulule font un carton. D’ailleurs au Who’s Next nous invitons gracieusement 20 labels qui ont bien réussi leur campagne sur cette plateforme.

De quoi êtes-vous le plus fière ?

Il y a 4 ou 5 ans, on s’est mis à « hoster » des salons plus petits que les nôtres, pas par envie de les materner mais plutôt dans l’esprit de faire ensemble. Cet esprit du collectif me rend très fière. J’ai débuté ce métier dans un mode très périmétré où chacun des acteurs etaient concurrents de son voisin. Le COVID a tout transformé.  Depuis la COVID, on s’est rapprochés des salons dits concurrents en Europe et aux US pour créer un collectif basé sur l’échange, le partage et la solidarité. Nos anciens concurrents se sont mués en collègues généreux. Nous nous sommes aperçus que nous étions confrontés aux mêmes enjeux. Se parler vrai, partager nos réflexions, et notre passion commune de la mode a changé notre vision du monde. Cette alliance est à la fois une source de réconfort et de fierté.

 

LES CHOUCHOUS DE SYLVIE POURRAT

BIJORHCA

LAVISH BY T.M, du crochet brésilien en fil d’or

Tricia Milaneze a fondé Lavish by T.M en 2005. Sa signature ? Des pièces raffinées et uniques fabriquées au Brésil combinant style vintage et influences modernes. Ses créations ont séduit la presse mode internationale comme des stars comme Jlo. Perles de verre et fil d’or crocheté à la main : le sens du détail est au cœur de processus de fabrication de Tricia. Ses magnifiques boucles d’oreilles en crochet s’inscrivent parfaitement dans la tendance éponyme de l’été prochain.

POLITAINS, l’amour des pierres précieuses

Politains est l’aboutissement d’un rêve de petite fille, celui de Fanny qui était déjà fascinée par les bijoux des vitrines de sa tante. Formée à la gemmologie et amoureuse des pierres, elle créée son label un pied à Zurich, l’autre à Paris. Sa signature ? Proposer à ses clients des pierres de très belle qualité habituellement réservées à la haute joaillerie. Politains a fait de l’artisanat de qualité, de l’approvisionnement responsable et d’un design intemporel, ses valeurs fondamentales. Aussi à l’aise dans le sur-mesure que dans la création de bijoux traditionnels, Fanny s’adapte à toutes les demandes. De plus, chaque bijou est accompagné d’un certificat d’authenticité délivré par un laboratoire de gemmologie indépendant, ce qui garantit la qualité des pierres.

LES SOLIDES, des créations conscientes made in Bali

Créé en 2017 par la créatrice installée en suisse Anna z’brun, Les Solides s’est fait connaître par des pièces intemporelles qui restent en dehors des exigences saisonnières de l’industrie de la mode. Indémodables et non binaires, ses créations s’inspirent de la nature, des gens et des savoir-faire ancestraux. Tous ses produits sont fabriqués à Bali dans l’optique de préserver l’artisanat traditionnel et de créer des liens durables avec les communautés locales. Pour Anna, ses jolies créations sont une alternative à la consommation de masse grâce à leur qualité et leur durabilité. Elle veut aussi que l’on se souvienne que derrière chacun de ses trésors il y a un être humain qui a travaillé avec cœur et à la main, ce qui rend chaque pièce unique.

ROSA MENDEZ, la pureté graphique incarnée bijou

Artiste multiple, Rosa Mendez a tout d’abord expérimenté la peinture puis la sculpture. Son processus créatif est passé par différentes étapes avant d’aboutir à la joaillerie. Formée à la fusion à chaud et au soufflage de verre, elle produit toutes ses pièces à la main dans son atelier de Teo, en Espagne. Le verre est le matériau à travers lequel est tressé le fil conducteur qui relie toutes ses œuvres. Son style graphique, à la fois très personnel et intemporel, ignore le superflu dans le but d’approcher une pureté formelle. De œuvres graphiques au raffinement incontestable.

WHO'S NEXT

OBIDACULTURE, la beauté de l'Afrique de l'ouest.

Architecte intérieur, Obida Obioha avait l’envie d’étendre son territoire d’expression à la mode, en travaillant sur des projets plus accessibles. Son objectif ? Proposer des pièces textile qui peuvent ajouter une touche de joie à la vie quotidienne. Obida rêve de devenir l’ambassadeur mondial de l’Afrique, respecté pour son engagement envers l’artisanat, l’authenticité et la durabilité. Il imagine un monde où la beauté exquise de la culture ouest-africaine est célébrée sur la scène internationale, et où chaque achat devient un choix conscient pour soutenir des pratiques respectueuses de l’environnement en Afrique. Obida travaille uniquement avec des artisans locaux, créant des motifs uniques qui sont cirés et teints à la main sur du coton Funtua fabriqué localement, tout en priorisant des pratiques éthiques et écoconscientes dans l’ensemble de ses activités.

MY BEACHY SIDE, crochet, équité et savoir-faire.

Gamze Ates a fondé My Beachy Side en 2015 afin d’intégrer des pratiques durables et équitables à sa vision créative, suscitée par un amour du crochet traditionnel fabriqué dans sa Turquie natale. La stratégie de l’entreprise se concentre sur des pratiques responsables à travers toutes les fonctions : de l’enrichissement des artisans individuels à la réduction des déchets industriels. Elle favorise l’autonomisation financière de femmes défavorisées en leur procurant un revenu durable grâce à la fabrication artisanale d’articles de mode. En Turquie, seulement 30 % de la population féminine est employée à l’extérieur du foyer. Situé à Istanbul ainsi qu’à Diyarbakir, les ateliers My Beachy Side emploient un groupe pluriel de plus de 500 femmes dont certaines sont des réfugiées en provenance de Syrie. La collection est vaste avec une kyrielle de robes, de tops, de pantalons, de maillots de bain et d’accessoires en crochet de toute beauté.

LABELRAMA, l'amour des tissus traditionnels indiens.

La fondatrice de Labelrama, Rajeswari (Raji) Rama, a le tissage indien dans le sang puisque sa famille a fondé son entreprise de textile il y a plus de 50 ans. D’ailleurs, lorsqu’elle était enfant, elle passait toutes ses vacances dans des villages de tisserands. Raji s’est même formée aux métiers à tisser. Experte et passionnée, elle a visité la plupart des musées qui ont exposé des tissus indiens anciens comme de précieux artefacts. C’est cet art du tissu qu’elle souhaite faire découvrir au monde à travers sa jolie griffe. Pour ses premières collections, Raji a collaboré avec deux ateliers du Bengale occidental pour s’approvisionner en mousseline 200 fils, en khadi doux et respirant, et en jamdani divin par la finesse de son tissage et la délicatesse de ses motifs. Des collections à acheter rien que pour le toucher du tissu, tant on aura plaisir à les glisser contre sa peau.

ELEXIAY, crochet et macramé originaires du Nigéria 

Le label, fondé par Elyon Adede en 2018, de mode met en avant l’artisanat nigérian de manière durable. Le Nigeria est doté d’une histoire, d’un patrimoine et d’un artisanat riches qu’Elexiay explore, en se concentrant principalement sur le crochet et le macramé, deux techniques ancestrales qui avaient pratiquement disparu. Elexiay en a redéfini les codes et les a dépoussiérés avec de jolies coupes déclinées dans des couleurs franches. La plupart des pièces sont fabriquées artisanalement, sans machine et à la main, dans le but de diminuer leur impact sur l’environnement. Elyon Adede milite également en faveur de la création d’emplois locaux et pour l’autonomisation des femmes.

TÉLÉCHARGER LE MAGAZINE

Copyright ©. Tous droits réservés.

Nous avons besoin de votre consentement pour charger les traductions

Nous utilisons un service tiers pour traduire le contenu du site web qui peut collecter des données sur votre activité. Veuillez consulter les détails dans la politique de confidentialité et accepter le service pour voir les traductions.